Cet enseignement est résolument pensé pour des étudiant.e.s non politistes. Son premier objectif est de les familiariser aux analyses développées en science politique, en sociologie ou en histoire pour comprendre l'action des autorités publiques et ses multiples incidences sur les sociétés contemporaines. Le second objectif est de favoriser l'appropriation de ces outils conceptuels et leur mobilisation dans les enquêtes empiriques. À cette fin, des études de sources sont proposées aux étudiant.e.s pour leur permettre de réfléchir à la mobilisation des cadres analytiques envisagés. Les étudiant.e.s doivent aussi réaliser une note de recherche mobilisant un ou des cadres d'analyse présentés pendant le cours en le déclinant sur un objet d'étude qu'ils et elles ont choisi.
Pour chaque séance, des textes illustrant la thématique sont systématiquement mis à disposition des étudiant.e.s avant la séance. Leur lecture n'est cependant pas obligatoire. Pour préparer le cours, les étudiants peuvent se reporter à la lecture suivante :
Jérôme AUST
Séminaire
français
Les étudiant.e.s doivent préparer chaque séance en prenant connaissance des documents transmis avant le cours (power point de présentation de la séance et source l'illustrant). Ils et elles doivent également remettre une note de recherche de cinq à dix pages appliquant un ou plusieurs concepts vus en cours pour l'appliquer à un objet de recherche qu'ils et elles ont choisi.
A part une maîtrise satisfaisante du français, aucun prérequis n'est attendu pour le suivi de ce cours. Il s'adresse à tous les étudiants et toutes les étudiantes qui souhaite parfaire leur compréhension de l'action publique en mobilisant les outils de la sociologie de l'action publique.
Automne 2025-2026
L'évaluation est opérée au travers de deux exercices visant tous les deux à favoriser l'appropriation des concepts vus en cours et leur mobilisation dans des enquêtes. Les étudiant.e.s sont d'abord évalué.e.s, sur la base de leur participation orale, durant les exercices d'analyse des sources illustrant chacune des séances (25 % de la note). Ils doivent ensuite remettre, à la fin du cours, une note de recherche déclinant, sur un objet d'étude, un ou plusieurs concepts vus pendant le cours (75 % de la note). Les étudiant.e.s sont encouragé.e.s à choisir l'objet de recherche qu'ils et elles travaillent dans le cadre de leur mémoire.
Le cours débute par un exposé de l'enseignant qui revient sur les documents transmis avant le cours. Cet exposé vise toujours à la présentation d'un courant composant la sociologie de l'action publique. Une deuxième séquence du cours est consacrée à l'analyse d'une source permettant d'illustrer la thématique de la séance et la mobilisation des concepts qui y ont été abordés.
Séance 1. Qu'est-ce que la sociologie de l'action publique ?
Cette première séance vise à circonscrire et à présenter le projet intellectuel de la sociologie de l'action publique. Au carrefour de la sociologie, de l'histoire et de la science politique, ce domaine d'analyse propose un ensemble d'outils conceptuels permettant d'analyser les pouvoirs publics en action. La séance retrace les origines de cette tradition de recherche et montre qu'elle s'est progressivement arrimée aux sciences sociales en général et à la sociologie en particulier.
Séance 2. Le temps long de l'action publique (1) : genèse des catégories d'intervention publique.
L'État et l'action publique ont une longue histoire : cette séance l'explore en analysant la manière dont des travaux, notamment socio-historiques, se sont intéressés à la genèse des catégories d'intervention publique (par exemple le chômage) qui constituent toujours des catégories de perception du monde, au passé souvent oublié. La séance vise aussi à réfléchir sur la pertinence de ces grilles d'analyse et des savoir-faire méthodologiques qui y sont associés pour comprendre l'invention, dans le présent, de nouvelles catégories d'intervention.
Séance 3. Le temps long de l'action publique (2) : les dynamiques de transformation de l'action publique
Cette séance envisage les processus de transformation de l'action publique en les resituant dans le temps long. En s'appuyant sur des travaux issus du néo-institutionnalisme historique, il s'agira de documenter comment des décisions passées, parfois lointaines, continuent à imprimer leur marque sur le présent et les possibles ouverts aux réformateurs. Il s'agira aussi de documenter comment l'action publique change et combien il est important de saisir les incidences de la temporalité sur ses recompositions.
Séance 4. La fabrique de l'action publique (1) : mouvements sociaux et cadrage des problèmes publics
De nombreux travaux de sociologie de l'action publique ont insisté sur l'importance de la construction des problèmes publics. De nombreux processus sociaux précèdent en effet l'intervention des pouvoirs publics dans un domaine. En les explorant, il s'agira de documenter la manière dont la construction des problèmes publics s'opère et notamment comment certains cadrages s'imposent, notamment sous l'effet de mobilisations sociales.
Séance 5. La fabrique de l'action publique (2) : l'action publique comme construction cognitive
Cette séance poursuit l'analyse de la fabrique de l'action publique en s'intéressant aux approches ayant insisté sur le rôle des savoirs, et notamment des savoirs économiques, sur la construction et les réponses apportées aux problèmes publics. Il s'agira ici de comprendre les conditions de mobilisation de ces savoirs dans l'action publique et leur influence sur les manières de construire les réponses aux problèmes publics.
Séance 6. Retourner la pyramide bureaucratique ?
Dans les représentations courantes, les bureaucraties publiques sont souvent assimilées à des pyramides hiérarchiques où la base exécute les décisions prises par le sommet. À rebours de cette acceptation, les travaux dédiés au fonctionnement des administrations montrent combien la mise en œuvre de l'action publique est souvent l'occasion d'une profonde redéfinition des programmes publics. En retournant la pyramide bureaucratique pour l'appréhender depuis sa base, il s'agira de montrer combien et comment celles et ceux qui mettent en œuvre l'action publique contribuent aussi souvent à la redéfinir.
Séance 7. Groupes sociaux et action publique (1) : élites et action publique
De nombreux travaux de recherche ont montré la permanence de l'influence de groupes élitaires omniprésents au sommet des États. Des premiers travaux développés aux États-Unis dans les années 1950 aux
renouvellements contemporains des approches élitaires, cette séance documentera la manière de saisir les ressorts de cette influence des élites sur l'action publique.
Séance 8. Groupes sociaux et action publique (2) : les gouvernés face à l'action publique
L'action publique s'actualise dans des relations de guichet, dans un face-à-face entre les agents des administrations et les usagers des services publics. Loin de se réduire à une stricte mise en œuvre des textes réglementaires, ces relations permettent la construction d'un rapport quotidien à l'État et à ses administrations, différents d'une catégorie sociale à une autre.
Séance 9. Les recompositions de la gouvernementalité contemporaine (1) : les transformations des bureaucraties
Depuis les années 1980, les bureaucraties publiques ont été profondément redéfinies par des réformes qui visent à les rendre plus efficaces, en les rapprochant du fonctionnement des firmes notamment. Cette séance appréhende ces réformes, souvent regroupées sous le vocable de New Public Management, pour en cerner la fabrique et les incidences sur l'action de l'État.
Séance 10. Les recompositions de la gouvernementalité contemporaine (2) : de nouveaux instruments pour conduire les conduites ?
Appels d'offres, indicateurs de performance, classements : les instruments de mise en compétition et en comparaison sont au cœur de l'action publique contemporaine. En cherchant à gouverner sans contraindre, par l'incitation et la mesure, ils entendent renouveler la conduite des conduites. Cette séance envisage leur rôle et leur place dans la gouvernementalité contemporaine.
Séance 11. Les espaces de l'action publique (1) : l'européanisation de l'action publique
La construction européenne est souvent envisagée comme une remise en cause de la place et du rôle de l'État. En quoi l'émergence puis le renforcement d'un niveau européen recomposent-ils les échelles de l'action publique ? Comment cette nouvelle échelle de l'action publique s'articule-t-elle avec l'action de l'État et avec les dynamiques locales et transnationales qui irriguent l'action publique contemporaine ?
Séance 12. Les espaces de l'action publique (2) : transferts et circulations dans l'action publique
La référence aux solutions mises en œuvre à l'étranger ou dans les firmes privées constitue une figure récurrente des discours réformateurs. Mais comment et par qui des constructions des problèmes et des solutions circulent-elles d'un espace à un autre ? Jusqu'où ces mécanismes de transferts influent-ils sur l'action publique ? Cette séance revient sur ces questions en montrant que les circulations entre les espaces de l'action publique ne sont pas un phénomène contemporain, et qu'elles n'aboutissent que rarement à la convergence des solutions mises en œuvre.
Lascoumes, P., Le Galès, P. (2008), Sociologie de l'action publique, Paris, Nathan.