Le cours de politique comparée vise à sensibiliser les étudiants aux méthodes et objectifs de la comparaison dans le domaine de la science politique afin de les aider à appréhender le monde politique contemporain dans toute sa diversité. Il prolonge l'introduction à la science politique de première année par l'étude approfondie d'une région (l'Europe et l'Afrique) et sa comparaison avec une sélection de cas extrarégionaux. Le cours nourrit, à partir d'une entrée régionale, en l'occurrence ici les sociétés africaines, une réflexion sur les dynamiques communes et la singularité des expériences politiques dans une perspective globale. Assuré par deux enseignants-chercheurs spécialistes de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique centrale et orientale, ainsi que par des chargés de conférence travaillant sur le Cameroun et la RDC, ce cours entend aborder la politique comparée par « les Suds » et « par le bas », en comparant des processus et des enjeux politiques plutôt que des régimes ou des institutions. Afin de rompre avec une vision statique des contextes sociopolitiques comparés, l'enseignement sera ouvert à l'analyse du changement politique et des ruptures qui s'opèrent sur le continent, qu'elles prennent la forme de révolutions, de crises, de blocage ou de renouvellement de l'ordre politique.
Cet enseignement entend nourrir la réflexion sur le choix des termes de la comparaison, qu'il s'agisse d'Etats, de régimes, d'institutions, de systèmes électoraux, de clivages politiques, de mouvements sociaux, de personnel politique, de métier politique, de comportements ou de votes. La comparaison terme à terme sera ainsi arrimée à une réflexion sur la circulation des notions, des formes institutionnelles, des problèmes publics et des pratiques politiques.
Le choix des termes répond en effet à des questions épistémologiques, méthodologiques mais aussi politiques que l'enseignement abordera de façon ouverte. A l'heure des débats postcoloniaux sur la nécessité de « décoloniser la pensée », il pose la question de l'universalité des concepts et celle du regard porté sur les sociétés politiques africaines par des sciences sociales largement occidentalo-centrées.
La politique comparée est avant tout une démarche qu'il s'agit d'expliciter. L'objectif consiste aussi à valoriser les vertus heuristiques de l'historicisation, en favorisant une approche de sociologie historique comparée du politique qui a, depuis ses débuts, été la « marque de fabrique » du CERI avec les travaux de Guy Hermet et de Jean-François Bayart en particulier.
L'importance de la collecte et du traitement des données empiriques sera soulignée afin de préciser les conditions de possibilité d'une comparaison convaincante qui ne soit pas uniquement fondée sur les méthodologies quantitativistes. Loin d'être limitée à des travaux de science politique, l'inspiration dans ce domaine sera puisée dans des œuvres aussi bien sociologiques qu'historiques, voire anthropologiques.
La démarche comparatiste en science politique, enfin, implique de s'interroger sur les questions d'échelle car la comparaison, loin d'être uniquement réservée au niveau stato-national, peut aussi porter sur les organisations d'intégration régionale ou sur les manières locales de faire de la politique. Nous y veillerons dans ce cours en comparant non seulement la trajectoire des Etats africains entre eux, mais aussi des terroirs historiques, des villes ou des régions du continent.
Richard BANEGAS,Mehdi BELAID,Claude MBOWOU,Patrick BELINGA
Cours magistral et conférences
français
Automne 2025-2026
Evaluation
Les modalités d'évaluation seront définies par les enseignants à partir du cadre suivant :
· Examen final écrit de 4 heures. L'examen final représente un tiers de la note final globale attribuée à cet enseignement. Les sujets d'examen sont différents suivant les campus mais sont coordonnés entre les différents enseignants des différents campus.
· Un mini-mémoire de recherche, type « paper » de 30.000 signes maximum, à dimension comparée, défini, présenté et évalué en conférence de méthode. Compte pour un tiers de la note finale globale.
· Deux autres types au moins d'évaluation, réalisés en conférence, et comptant pour la note de contrôle continu. Par exemple : une présentation d'une page sur l'actu, la présentation orale du mémoire, la discussion des textes… La moyenne de ces deux exercices compte pour un tiers de la note finale globale.
Au total, le contrôle continu réalisé par la chargée de conférence représente les deux tiers de la note globale attribuée.
Le cours comprend 24 heures de cours magistral (Richard Banégas & Roland Marchal) et 24 heures de conférence de méthode qui sont assurés par Claude Mbowou et Mehdi Belaïd.
Architecture de l'enseignement
Les conférences de méthode suivent le plan et l'ordre du cours magistral. Outre l'approfondissement des lectures et la réalisation de travaux d'étudiants, elles proposent divers aperçus empiriques comparés des notions examinées en cours.
Objectifs pédagogiques
L'enseignement vise à transmettre des connaissances factuelles et analytiques sur les contextes comparés, à encourager la réflexion sur le statut de la comparaison et sur les diverses méthodes utilisées dans le domaine, et enfin à familiariser les étudiants avec des références bibliographiques classiques de la politique comparée. Il s'agira en particulier de s'interroger sur la pertinence et les limites de l'universel, sur l'ethnocentrisme et les vertus du décentrement du regard, sur l'importance de l'empirie et de l'historicité des phénomènes étudiés, sur l'applicabilité relative des concepts forgés dans le monde occidental, ainsi que sur la circulation et la traduction permanente des notions, normes et pratiques qui caractérisent l'activité politique contemporaine.
Bertrand BADIE et Guy HERMET, Politique comparée, Paris, Armand Colin, 2001 (rééd.)
Céline THIRIOT, Marianne MARTY, Emmanuel NADAL, dirs., Penser la politique comparée. Un état des savoirs théoriques et méthodologiques, Paris, Karthala, 2004