CHUM 26F09 - Religion, science et politique : les défis de la croyance.

Ce séminaire vise à étudier, depuis une perspective philosophique et politique, le problème de la croyance, en particulier de la croyance religieuse, dans les sociétés post-séculaires. Il sera question, d'abord, d'interroger le paradigme de la sécularisation qui a longtemps été dominant dans les sciences humaines et sociales. Selon ce dernier, la « sortie de la religion » est le destin inéluctable et irréversible des sociétés dites modernes dans la mesure où le progrès scientifique, la différenciation sociale et la rationalisation des institutions conduiraient immanquablement à une privatisation de la croyance religieuse. Ce paradigme pose à l'heure actuelle plusieurs problèmes. Ainsi, le sociologue Peter L. Berger reconnaît que le monde d'aujourd'hui est « aussi furieusement religieux que toujours » . D'autres auteurs signalent que les sociétés occidentales font face à des mouvements de « contre-sécularisation » qui autorisent à postuler un « retour du religieux » dans un contexte où les menaces terroristes, l'accentuation de crises migratoires et les crispations identitaires fragilisent les systèmes démocratiques. C'est pourquoi il semble crucial de repenser à des nouveaux frais non seulement le concept de sécularisation, mais aussi le cadre politique capable de garantir la coexistence des croyances dans la société. Sur quels fondements doit-on bâtir ce terrain commun ? Comment doit-on organiser les rapports entre croyances, savoirs scientifiques et opinions ? Pour aborder ces problèmes il faudra rouvrir — comme le suggère Étienne Balibar — la question difficile « de ce que font les identités et les croyances religieuses dans la sphère publique et de ce que la politique […] fait avec elles » . À travers l'étude de controverses, de cas historiques et de débats d'actualité, ce séminaire proposera un cadre théorique interdisciplinaire pour mieux comprendre les mutations contemporaines de la croyance et du religieux afin d'éclairer ses usages politiques.



I. Peut-on ne pas croire ?

Séance 1 : La croyance, au carrefour de l'épistémologie, de l'anthropologie et de la politique.

Séance 2 : La croyance religieuse est-elle une croyance comme les autres ?

Séance 3 : Croyance et rationalité : le cas de la Grèce ancienne.

Séance 4 : Religio, histoire d'un concept.

II. La modernité est-elle la culture de la « sortie de la religion » ?

Séance 5 : Les valeurs de la science et du progrès dans un monde « désenchanté ».

Séance 6 : L'âge séculier ou la réforme du sacré.

Séance 7 : Religion, État, sécularisation : modèles d'interaction.

Séance 8 : Liberté d'expression et liberté de conscience : les enjeux de la laïcité.

III. Les démocraties sont-elles menacées par la libéralisation de la croyance ?

Séance 9 : Le retour du religieux ou la nouvelle querelle de la sécularisation.

Séance 10 : Pensées extrêmes et radicalismes : de l'idéologie à la violence.

Séance 11 : La croyance à l'heure de la post-vérité.

Séance 12 : Conclusion : manières de croire, modes d'existence.



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BERGER, Peter L., ed., The Desecularization of the World, Resurgent Religion and World Politics Grand Rapids, Eerdmans, 1999, p. 2 BALIBAR, Étienne, Saeculum. Culture, religion, idéologie, Paris, Éditions Galilée, 2012, p. 49

José Carlos GUTIERREZ PRIVAT

Séminaire

français

lectures hebdomadaires

Aucun

Printemps 2024-2025

exposé et note de lecture (60 %), évaluation finale (40 %)

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