BART 97F71 - Théâtre et Poésie: un Art de la Relation par excellence

Selon Antoine Vitez, le théâtre est, avant tout, et dans sa forme la plus primitive, un art de la relation. Selon lui, il y a toujours la promesse d'une rencontre, d'une situation. Il suffit que quelqu'un dise un poème à un autre, et immédiatement toutes les fictions se précipitent et s'immiscent entre celui qui dit et celui qui reçoit. C'est à partir de l'observation de cette promesse que l'acteur.l'actrice est en mesure de construire une « tension dramatique » sur laquelle il.elle devra s'appuyer pour entrer, nourrir et développer une relation féconde avec celles et ceux qui reçoivent sa parole. Une relation, c'est d'abord un mouvement qui ne doit jamais se figer pour que cette relation puisse se déployer dans toute sa vitalité. C'est l'acceptation d'une constante modification. C'est une invitation à aiguiser nos perceptions prises dans un « présent absolu » grâce auxquelles nous allons révéler notre présence au monde, accueillir les autres et affirmer notre singularité. Je propose de transmettre aux étudiants.tes deux des principaux outils de la création théâtrale : L'exigence du présent absolu : source de révélation et de relation, et Le Jeu Verbal : perception du pouvoir de la parole dans le champ poétique. Mouvement de la pensée, rythme, image, sensation. Objectifs pédagogiques Faire preuve de souplesse, de perception et d'engagement du corps dans l'espace. Entrer en interaction avec un.e partenaire (écoute et réactivité), avec un groupe Motiver les déplacements / placements Faire entendre un propos avec clarté. Maitriser l'articulation Témoigner d'une attention portée au sens du rythme, au phrasé, au niveau sonore Nourrir un étonnement de principe Cibler l'adresse (partenaire, public, soi-même, l'univers...) Rendre sa parole vivante et enfin : Faire exister être éveillé.e. En éveil. Avec tout l'enthousiasme nécessaire et attendu.
Guillaume DURIEUX
Atelier
français
Précautions adressées aux étudiants.tes : il est demandé d'envisager ce travail comme un jeu engageant le corps dans sa totalité et dans une relation à l'autre induisant des contacts physique ou non. Ce contact est toujours avant « l'intention » et n'est jamais sexué. Nous devons toutes et tous en être les garants. C'est une perspective que l'on retrouve dans les arts martiaux ou dans la danse. C'est une approche exclusivement concrète de la relation à l'autre. L'élève s'engage en toute connaissance de cause et ne présente pas de résistance particulière à la mise en contact avec autrui. Il est demandé aux élèves de venir aux séances avec des vêtements amples, sans signes distinctifs et de couleur sombre.
Printemps 2024-2025
MODALITÉS D'ÉVALUATION 1. Le tour de piste: intégration des consignes, mise en jeu des outils techniques transmis, confiance dans l'exercice, mise à disposition de ses capacités : 20% de la note finale 2. Le folio des poèmes: les étudiants.tes devront produire un texte justifiant le choix du poème et les règles de prosodie et de découpe des syntagmes. Une attention toute particulière sera portée sur la pertinence du choix des matières-textes et leur mémorisation/compréhension : 30 % de la note finale 3. La capacité des étudiants.tes à mettre en perspective l'ensemble des consignes transmises dans l'exercice de la restitution en public: 30% de la note finale 4. Participation générale (curiosité, feedback, disponibilité, engagement) et engagement physique et personnel dans les exercices de jeu (échauffement, techniques de base du jeu, implications dans l'atelier et dans le groupe): 20% de la note finale Politique des retards: La spécificité de ce travail reposant sur la cohésion du groupe nous oblige à une parfaite ponctualité. Aucun retard possible, y compris dans le rendu de l'écrit.
Dans les trois premières séances, nous travaillerons à partir d'une somme d'exercices collectifs provenant de différentes pratiques allant de la danse contemporaine aux arts martiaux. Une mise en jeu minimale de la présence, de la relation, de l'écoute et de l'action dans un espace de jeu provoqué par diverses sollicitations. Un travail en cercle, où chacun.e est à la fois acteur.actrice et spectateur.spectatrice du travail en cours. Nous nous pencherons sur les notions d'émission et de réception dans une perspective lié à l'observation du vivant, de l'espace, de l'écoute et de l'adresse. Exercices de marche, de chœur, de respiration, de conscientisation de sa propre physicalité, et enfin de mise en contact - physique et non - avec l'autre, avec les autres. Dans les trois séances suivantes, nous conserverons un temps de « training » collectif maintenant bien connu des étudiants.tes et nous prendrons le temps d'individualiser le travail grâce un exercice ludique et très exigeant : le tour de piste. Un(e) par un(e), les participants.tes devront, sous les regards des autres, faire une simple tour de piste, tracé au sol en respectant un ensemble de consignes particulièrement précises quant à l'apparition et disparition du sujet dans l'espace, sa capacité d'observation, son déplacement, sa vitesse, sa régularité, sa précision, et la relation induite avec ceux qui observent ce sujet. Exercice de mise à nu, de disponibilité. L'exercice est « impossible à réaliser » dans sa perfection et c'est là l'amusement. Ici, ce sont toutes les notions « d'être là » qui sont éprouvées et abordées. Le jeu est guidé en permanence par les interventions du meneur. L'accent sera donné aussi sur « la responsabilité du public » à accueillir celui ou celle qui s'exécute. Exercice minimaliste contenant toutes les métaphores des enjeux de la relation. Dans les trois séances suivantes, nous ouvrons le folio des poèmes. De Racine à Shakespeare ou encore de Verlaine à Sylvia Plath en passant par Marguerite Duras. Poèmes choisis pour leur évidente oralité. Courts textes de formes, de sujets et d'époques différents. Lecture du choix de chacun et chacune. Découverte de notre corpus. Observation formelle des textes : nous aborderons la question du phrasé, de la construction, du sens, des images. Et nous commencerons le travail d'interprétation. La notion de « phrasé obligatoire » induisant des choix incontournables (découpe des syntagmes, liaison, E muet… ) pour l'interprète sera abordée. Il est attendu que les étudiants.tes commencent au fil de ces trois séances à comprendre de façon organique comment les exercices précédents se glissent dans le travail d'interprétation. Dans les trois dernières séances, nous commencerons à construire les prémisses d'une restitution où tous les outils mis à notre disposition au fil du travail viendront construire une traversée poétique se voulant toujours singulière et toujours renouvelée. Il ne s'agit pas ici de nous mettre d'accord sur des déplacements, des intentions, des variations prévues, raisonnables… mais bien plutôt de nous servir de ce qui circule, de ce qui est en jeu entre nous dans l'immédiateté de la relation pour nourrir notre prise de parole, découvrir ce que nous pouvons en faire, faire circuler la pensée et révéler les « sens » du matériau poétique mis à notre disposition.
Etude approfondie du site présentant les travaux de MICHEL BERNARDY, avec lecture obligatoire de LE JEU VERBAL - A retrouver par l'onglet : Edition Numérique Ici l'adresse du site : https://www.jeuverbal.fr/
CORPUS DE TEXTE ENVOYÉ AUX ÉLÈVES APRÈS INSCRIPTION