BART 96E01 - Hacer cine en Iberoamérica - Creando mundos desde la periferia
Avant d'en visiter le territoire ou de les étudier à l'école, les cultures de la péninsule ibérique et de l'Amérique latine sont rentrées dans notre imaginaire par la culture populaire et notamment grâce au cinéma. Des Mystérieuses Cités d'Or à Coco, Kuzco,Ferdinand et Encanto, des comédies musicales avec Carmen Miranda ou Tintin et le Temple du Soleil à La Casa de papel et Narcos, le septième art forge des icônes et des archétypes, tisse des liens référentiels entre fictions et réalités, construisant une image largement diffusée du monde hispanophone et lusophone selon les codes d'un art où les industries du “Nord” dominent encore.Or, le cinéma espagnol, portugais et latino-américain ont depuis leurs origines fait office de laboratoire de la fabrication des identités nationales et régionales. De Luis Buñuel à Alfonso Cuarón, de Manoel de Oliveira à Leonor Teles, en passant par Tomás Gutiérrez Alea, Glauber Rocha, Pedro Almodóvar ou Carlos Saura, les réalisateurs ibériques et ibéro-américains ont toujours cherché à découvrir (ou à construire?) ce qu'est l'âme profonde de la péninsule et du continent. La visibilité grandissante de ce cinéma en espagnol, portugais ou en langues amérindiennes, que ce soit à Cannes ou à Hollywood, à Annecy, à Saint-Sébastien ou à Venise et Berlin, permet de faire le point sur la « guerre des images » en cours entre les stéréotypes établis sur le monde ibérique et les nouveaux discours et interprétations en provenance des territoires concernés. Elle permet également d'observer de plus près les techniques et les esthétiques qui caractérisent le cinéma ibéro-américain et qui font désormais partie du patrimoine plus large du cinéma mondial. Or, qu'est-ce qui est spécifique au cinéma de et sur le monde ibéro-américain ? Comment les réalisateurs et réalisatrices se positionnent-ils par rapport à une industrie mondialisée ? Quels sont les enjeux de production de ce cinéma ? En lien avec ces enjeux, les étudiant.e.s seront invité.e.s à imaginer un projet de création cinématographique dans le genre (fiction, documentaire, animation…) et le format (court, moyen ou long-métrage) de leur choix en le présentant sous les deux formes attendues dans l'industrie audiovisuelle contemporaine: un “Pitch” de 5 minutes et une “Bible Détaillée” à rendre à l'avant-dernier cours.
DESCRIPTIF SEANCES DU COURS:
PARTE 1: INTRODUCCIÓN : ¿Es posible reconstruir el mundo?
Séance 1: Ubi Sunt? Proponer nuevos horizontes en el mundo de hoy
Présentation du concept de « récit » comme acte constructeur de la réalité. Présentation du
fonctionnement de l'industrie cinématographique (rôle du producteur et du réalisateur,
importance du Pitch et de la Bible de Production, écosystème des festivals) et tension
créatrice entre la vision des Auteurs et les nécessités économiques de l'industrie. La
situation de l'industrie ibéro américaine du cinéma.
Désignation des dates de Pitch.
Séance 2: ¿Es imposible adaptar a Don Quijote? Potencial y fronteras del arte
cinematográfico
Le Don Quichotte est souvent cité comme le premier roman moderne, définissant le genre
pour la postérité. Il est également à la source de beaucoup de mythes sur l'hispanité.
Beaucoup de cinéastes ont essayé d'en réaliser une version filmique, toujours avec
d'énormes difficultés. Que peut le cinéma avec ou contre la littérature ? Quel lien a
l'image avec le texte ? Est-il seulement possible d'adapter une oeuvre au cinéma, et
comment ces adaptations peuvent-elles avoir un impact dans la culture ?
Séance 3: El Cine, ¿un arte de magos? El cine de animación latinoamericano.
Le cinéma est né comme un tour de magie, et les premiers grands cinéastes étaient des
prestidigitateurs. Parmi ces fantaisies, le « dessin animé » reste la plus étonnante. Mais
pour devenir un art noble, le cinéma a dû transcender le spectaculaire, et parvenir à
toucher les âmes des spectateurs. L'animation est-elle parvenue à devenir plus que du
simple divertissement ? Dans quelle mesure le cinéma d'animation ibéro américain est-il
devenu du « cinéma », et a construit de nouvelles façons de voir le monde, face à la
longue hégémonie de l'animation hollywoodienne ?
PARTE 2: EL CINE IBÉRICO: CONSTRUYENDO EL FUTURO EN UN CINE DOMINADO
POR GIGANTES
Séance 4: Manoel de Oliveira, un aplastante renovador del cine portugués
Focus sur Manoel de Oliveira, réalisateur portugais prolifique et reconnu comme « o pai »,
le père du Novo Cinema Português. Du cinéma en noir et blanc au film numérique, quelle est
l'influence et le poids (insurmontable ?) de cet artiste dans le panorama cinématographique
de son pays ?
Début des Pitches.
Séance 5: Pedro Almodóvar: ¿una isla en el cine español, o un puente para una
nueva generación?
Focus sur la figure devenue incontournable de Pedro Almodóvar. Dans quel contexte
surgit son cinéma dans l'histoire de l'Espagne et de l'Europe ? Peut-on le situer dans la
continuité d'un cinéma espagnol ou plutôt dans la rupture ? Aujourd'hui, y-a-t 'il une
“école Almodovar” du cinéma? Quelle est sa relation avec le cinéma du reste du monde
?
Séance 6: European stories - Miradas del cine europeo
Alors que les Etats-Unis considèrent l'Amérique latine comme leur chasse gardée, y
compris à Hollywood, quels récits forgent les cinéastes européens sur le monde
ibéro-américain ? Dans quelle mesure le cinéma européen contraste avec les
productions étasuniennes ? Comment mesurer l'influence sur les imaginaires de ces
oeuvres produites par des artistes européens ? Les coproductions euro-latinoaméricaines
sont-elles une forme de soft-power ?
Séance 7: Perros ladrando a los pájaros: ¿Hacia dónde se dirige el cine
ibérico?
Les dernières éditions des festivals de Locarno, Berlin, Saint-Sébastien ai si que des
prix Goya ont été l'occasion de découvrir des figures ascendantes du cinéma portugais
et espagnol. Si leur visibilité outre-Atlantique est principalement représentée par les
séries espagnoles à succès comme La Casa de Papel, qu'en est-il sur leur pouvoir de
conviction en Europe ?
PARTE 3: EL CINE LATINOAMERICANO. TRASCENDIENDO A LA “PERIFERIA”
Séance 8: La edad de oro del cine mexicano
Nous aborderons l'histoire du cinéma latino-américain par un de ses pans le plus brillants
mais aujourd'hui quelque peu oubliés : le succès de l'industrie mexicaine au milieu du
siècle dernier. Par la popularité des films de Cantinflas, par exemple, peut-on dire que le
cinéma mexicain était une alternative précoce à Hollywood ? En quoi ce cinéma définit
une partie de ce qu'est être latinoaméricain ?
Séance 9: El cine comprometido en latinoamerica (años 60-80)
Plongée dans les relations entre politique et cinéma dans les années fortes des dictatures
et des guérillas dans le continent. Comment les artistes nouent expérimentation et
engagement pour construire, souvent avec très peu de moyens, une façon
latinoaméricaine de témoigner ? Ce type de cinéma a-t-il fait école aujourd'hui ?
Séance 10: Cine del Cono Sur (años 90-2000)
Une des industries les plus développées, ayant produit tant des films primés que des
succès dubox-office, est certainement celle du cinéma argentin. Le Chili et le
Brésil, bien qu'avec une production moindre, sont également des centres du cinéma
latinoaméricain actuel. Qu'est-ce qui caractérise cette « école » du Cône Sud ? Quelle
est la portée de son influence sur le continent et à l'international ?
Séance 11: El cine indigena. Devolviéndole profundidad al presente
Une révolution du cinéma se produit au large du Titicaca. Depuis le succès
retentissant du film « Wiñaypacha », filmé entièrement en langage Aymara par le
cinéaste Oscar Catacora, le cinéma en langue indigène vit un véritable âge d'or au
Pérou. Mais ce déluge de créativité est l'aboutissement d'une longue histoire
cinématographique méconnue, où sont passés le photographe Martin Chambi,
l'écrivain José Maria Arguedas, ou les épopées de Werner Herzog. Un univers
cinématographique fécond qui a en lui la promesse de nouvelles propositions d'avenir,
en regardant notre passé et notre présent d'un oeil nouveau.
PARTE 4: CONCLUSIÓN. EL PODER DE LOS RELATOS.
Séance 12: Conclusiones – El futuro del audiovisual iberoamericano
Après notre parcours du cinéma ibéro américain, comment comprendre la construction
d'une « identité » sans tomber dans les pièges de l'intolérance, de visions bornées et
monolithiques de la réalité ? Quel rôle aura la nouvelle génération de réalisateurs, aux
parcours et aux formations souvent internationales, dans la construction de nouveaux
récits ? Cette séance conclusive ouvrira des perspectives sur le cinéma ibéro américain
de demain, et sur la nécessité de continuer de construire de nouveaux récits.
Cette séance sera également l'occasion de poursuivre des débats entamés en classe, et
de répondre aux questions sur les évaluations.
FILMOGRAPHIE ABORDEE PENDANT LE COURS :
Séance 1 Frank PAVICH, Jodorowsky's Dune
Séance 2 Orson WELLES, Don Quixote
Terry GILLIAM, The man who killed Don Quixote
Séance 3 Juan PADRON, Vampiros en La Habana
Walt Disney Studios, The three caballeros
Walt Disney Studios, Coco
Walt Disney Studios, Encanto
Walt Disney Studios, The Emperor's New Groove
Jorge GUTIERREZ, The Book of Life
Jorge GUTIERREZ, Maya and the Three
Luiz BOLOGNESI, Uma historia de amor e fúria
Otto GUERRA, A Cidade dos Piratas
Sélection de court-métrages péruviens/pilotes de films
CABRAL Cesar, Bob Cuspe - Nos nao gostamos da gente
Séance 4 Manoel de OLIVEIRA, O Meu Caso
Manoel de OLIVEIRA, Não, ou a vã glória de mandar
Manoel de OLIVEIRA, Um filme falado
Séance 5 Pedro ALMODÓVAR, Todo sobre mi madre
Carlos SAURA, Cría cuervos
Pedro ALMODÓVAR, Dolor y gloria
Pedro ALMODÓVAR, Madres paralelas
Séance 6 Werner HERZOG, Aguirre, der Zorn Grottes
Werner HERZOG, Fitzcarraldo
Wim WENDERS, Buena Vista Social Club, Lisbon Story
Roland JOFFÉ, Mission
Juan ANTIN, Pachamama
César ZELADA, Ainbo, princesse d'Amazonie
Séance 7 Leonor TELES, Terra Franca
João Pedro RODRIGUES, O ornitólogo
Serie: La casa de papel
Séance 8 Mario MORENO, Cantinflas en el circo
Gilberto MARTINEZ SOLARES, Tin Tan, el rey del barrio
Luis BUNUEL, Los olvidados
Lucas DEMARE, La Guerra Gaucha
Lima BARRETO, O Cangaceiro
Séance 9 Tomás GUTIERREZ ALEA, Memorias del subdesarrollo
Glauber ROCHA, Deus e o diabo na terra do sol
Joaquim PEDRO DE ANDRADE, Macunaíma
Francisco LOMBARDI, La Ciudad y los Perros
Santiago MITRE, Argentina 1984
Séance 10 Fernando MEIRELLES, Central do Brasil
Héctor BABENCO, Carandiru
Damian SZIFRON, Relatos salvajes
Mariano COHN y Gaston DUPRAT, El ciudadano ilustre
Séance 11 Eulogio NISHIYAMA, Kukuli
Oscar CATACORA, Wiñaypacha
Oscar GONZALEZ, Reinaldo Cutipa
Alvaro DELGADO-APARICIO, Retablo
Cesar GALINDO, Willaq Pirqa
Séance 12 Ciro GUERRA, El abrazo de la serpiente
Jayro BUSTAMANTE, La llorona
Alfonso CUARÓN, Roma
Icíar BOLLAÍN, También la lluvia
Manuel-Antonio MONTEAGUDO
Atelier
español
Les étudiants seront amenés à enrichir leur culture cinématographique sur le monde ibérique en visionnant des extraits de films, voire des courts ou long-métrages intégraux, proposés avant chaque séance et dont le contenu sera débattu en atelier.
Cet atelier suit une démarche d'éducation aux médias, en présentant aux étudiants les contraintes auxquels sont soumis les réalisateurs dans leur travail. Les exercices centraux de l'atelier - le “Pitch” et l'écriture de la Bible Cinématographique sont en effet deux étapes cruciales du travail du réalisateur, lorsqu'il soumet son projet à des financeurs et motive son équipe technique et artistique..
Cette compréhension du cinéma à la fois en tant qu'objet de représentation et produit culturel, et la tension entre ces deux caractéristiques, sera vivement discutée tout au long de l'atelier : c'est pourquoi la participation des étudiants sera également notée.
Par ailleurs, les étudiants souhaitant des “points bonus” pourrons organiser en lien avec les professeurs, une séance de ciné-débat. La projection d'un film de et sur le monde ibéro-américain sera alors proposée à l'ensemble de la communauté de Sciences Po, introduit par les étudiants.
Compétences en Espagnol
Primavera 2024-2025
40% Exercice de “Pitch”. Présentation en 5 mins d'un projet cinématographique original en lien avec le monde ibéro-américain, suivi de 10 minutes de dialogue avec l'enseignant. L'exercice sera expliqué lors de la première séance du cours.
Barème de notation : Qualité du Pitch : 10 points, Qualité du Projet : 5 points, Qualité
de la Production : 5 points
50% Rédaction de la “Bible détaillée” du projet cinématographique présenté lors du pitch. L'exercice sera expliqué lors de la première séance du cours. Elles devront être remises à l'enseignant lors de la séance 11.
Barème de notation : Qualité de la Bible : 7 points, Application des conseils fournis lors
du Pitch : 3 points, Qualité du Projet : 5 points, Qualité de la Production : 5 points
10% Participation en cours.
Atelier artistique théorique et pratique 12 séances de 2h
Chaque séance est structurée en deux parties
La première partie est consacrée à une discussion critique et théorique prenant appui sur un ou des exemples précis. Elle portera sur le sujet de la séance, prenant appui sur une ou plusieurs séquences de film. Certaines séance seront l'occasion de parcourir l'histoire du cinéma de façon chronologique. D'autres seront axées sur la découverte des techniques de réalisation, de production et de diffusion du cinéma.
La deuxième partie commence par le pitch de l'un ou l'une des étudiants, suivi des retours de l'enseignant et de la classe. Un temps de travail pratique est dédié à l'élaboration de la « Bible détaillée » de chaque projet.
AZALBERT Nicolas, « Histoires du nouveau cinéma argentin. De Historias breves (1995) à Historias extraordinarias (2008) », Cahiers des Amériques latines, 69 | 2012, 9-13.
DAVALOS OROZCO Federico, CIUK Perla, Historia del Cine Mexicano Diccionario del Cine Iberoamericano. España, Portugal y América; SGAE, 2011; Tomo 5, pags. 698-724
DAVIDSON John-Paul, ST développement tourmenté LER Trudie, The Sweatbox, 2002 (documentaire sur le film Disney Kuzco, l'empereur mégalo): https://archive.org/details/SweatboxDocumentaryUneditedVersion