BEXP 17F05 - Politiques de la Terre à l'Anthropocène - sciences, pouvoirs, justice
Les mutations écologiques en cours sont profondes, complexes, polymorphes. Des aspects fondamentaux des dynamiques planétaires, comme le climat, l'évolution du vivant, ou l'émergence des maladies infectieuses, sont en train de sortir du comportement qui était familier aux humains depuis l'émergence d'Homo sapiens et notamment depuis la grande expansion humaine de l'Holocène, ces dix mille dernières années. Ces mutations engendrent des métamorphoses politiques qui touchent tant aux affects et aspirations des individus qu'à l'organisation socio-technique de secteurs économiques entiers, en passant par de nombreuses évolutions institutionnelles et un activisme qui ne cesse de prendre de l'ampleur. Les influences humaines sur la planète sont d'une telle intensité que le terme d'Anthropocène (« âge des humains ») est utilisé depuis maintenant une vingtaine d'années pour décrire à la fois une rupture dans les temps géologiques, mais aussi comme un terme appelant à une nouvelle réflexivité collective (et planétaire) sur les relations entre les sociétés humaines et leurs milieux, et également comme un point de débats et de contestations sur les actions à mettre en œuvre – et par qui – pour maintenir l'habitabilité de la Terre. C'est donc à la fois un champ de recherches en soi dans les sciences de la Terre et du vivant (portant par exemple sur le passage effectif, d'un point de vue géologique, dans une nouvelle « époque géologique » succédant à l'Holocène), en sciences humaines et sociales (ne serait-ce que sur la manière de nommer ces temps nouveaux, et toutes les implications politiques associées), et un domaine d'intenses débats politiques et de luttes sociales, organisationnelles, institutionnelles.
Pour les acteurs qui souhaitent s'engager dans l'action collective, comme intellectuels, comme cadres économiques ou politiques, ou comme activistes et entrepreneurs de causes, il est nécessaire de savoir naviguer dans la complexité de cet air du temps. C'est l'objet principal de ce cours, qui proposera aux étudiantes et étudiants d'utiliser comme boussole le triptyque sciences-pouvoirs-justices pour se situer dans les différents débats où ils souhaiteront atterrir au cours de leur parcours. Quelle que soit la thématique, on trouve en effet toujours un ensemble de questions interreliées et aux réponses co-dépendantes, qui concernent à la fois ce que nous savons du monde (et ce que nous considérons comme connaissances prioritaires dans les débats et l'action), qui peut et souhaite agir et comment, qui a la plus grande responsabilité pour agir et qui sera le plus affecté par les changements en cours.
Le cours proposera un ensemble d'entrée thématiques, où les sujets seront abordés avec cette grille de lecture, et dans le but de fournir trois grands acquis transversaux :
• Connectivité : montrer les connexions entre les thèmes abordés (les liens entre biodiversité et climat par exemple) mais aussi (voire surtout) entre ces thèmes et les autres questions sociopolitiques (par exemple l'économie, les relations internationales, le droit, etc.).
• Historicité : les mutations écologiques sont encore trop souvent traitées comme des « sujets émergents », et l'on oublie les décennies (au minimum) d'action organisée sur ces sujets, dont il faut avoir conscience pour à la fois en comprendre les apports et en dépasser les limites.
• Spatialité : ces questions se manifestent partout mais de manière spécifique au contexte, ces contextes locaux étant eux-mêmes interconnectés (par des relations commerciales entre pays par exemple, ou dans le cadre de négociations sur les cadres politiques internationaux). Aucun type d'action collective ne peut aujourd'hui se permettre de négliger ces enjeux.
Aleksandar RANKOVIC,Willy RAMOS DELVALLE
Cours magistral seul
français
Academic expectations
• Acquisitions factuelles : repères sur différents enjeux, dates de créations d'institutions, résultats de rapports majeurs, définitions, etc.
• Travail personnel en groupe, choix d'un sujet permettant de faire ressortir les dimensions de connectivité, historicité ou spatialité.
Printemps 2024-2025
Travaux Nombre de points / 20
Devoir sur table (QCM) - Séance 6 - 8 points sur 20 Travail de groupe (point d'étape) - Séance 6 - 0 point sur 20 Travail de groupe (rapport)- Séance 12 (21 avril)- 12 points sur 20 Format et barème pour le rapport de groupe :
• Times New Roman, taille de police 12 pour le corps de texte et 14 pour les titres
• Marges : 2,5 cm
• Interligne simple (1)
• 8 à 10 pages (bibliographie incluse)
• Bibliographie en fin de document
Structure suggérée :
-Titre de l'essai / du rapport
-Introduction et problématique
-Développement en plusieurs parties
-Piste(s) d'action
-Conclusion / ouverture La notation suivra le barème suivant :
L'essai mobilise au moins 5 références vues en cours: 2 points
L'essai mobilise des recherches personnelles supplémentaires pour soutenir l'argumentation et les référence bien: 4 points
L'essai identifie clairement les points qui ont semblé intéressants pour le groupe (problème, questions soulevées, controverses, etc.): 4 points
Propreté de la langue et de la mise en page, respect des consignes de longueur: 2 points
Les devoirs finaux seront à rendre d'ici la fin de la journée de la séance 12. Un point de pénalité par jour de retard.
Séance 1 : Séance introductive
Séance 2 : Le trou dans la couche d'ozone : un cas vraiment précurseur ?
Séance 3 : Climat, première séance
Séance 4 : Climat, deuxième séance
Séance 5 : Biodiversité, première séance
Séance 6 : Contrôle des connaissances + Présentations de mi-parcours
Séance 7 : Biodiversité, deuxième séance
Séance 8 : Biodiversité et climat, mêmes combats ?
Séance 9 : La santé humaine à l'Anthropocène
Séance 10 : S'orienter dans l'action
Séance 11 : Fronts de luttes contemporains
Séance 12 : Chantiers politiques à venir