OSPC 2055 - La fabrique violente du social : du règlement de comptes au conflit armé

Ce cours propose une sociologie comparée de la violence collective, attentive à son rôle de structuration de l'ordre social. Sans pour autant minimiser les effets catastrophiques des affrontements violents, il s'agit ici de réfléchir au caractère productif de ces épisodes pour l'organisation de la vie politique, économique et sociale. Dans quelle mesure le conflit ouvert peut-il ainsi s'avérer le terrain d'innovations institutionnelles, de rapports de pouvoir renouvelés, voire de créativité culturelle ? Au-delà de sa contribution à la transformation de l'ordre social, la violence peut-elle s'y encastrer de manière pérenne ? Peut-on ainsi parler d'ordres sociaux violents ? Interrogeant des modes d'action et des situations historiques variées, cette réflexion comparative défend une conception ouverte des sciences sociales et fait appel à la science politique et à la sociologie autant qu'à l'anthropologie, à l'histoire, à la géographie et aux cultural studies. Cet enseignement présente également la particularité d'aborder les phénomènes violents et leur « productivité » sociale à partir de leur énonciation culturelle et des controverses que celle-ci ne manque pas de susciter. La photographie, le cinéma, la vidéo, les arts graphiques, la musique et le jeu vidéo constitueront autant d'entrées pour observer cette fabrique violente de l'ordre social. Depuis la naissance de la photographie de guerre au XIXe siècle jusqu'à la propagande visuelle de l'État islamique, en passant par la représentation des justiciers dans les comics ou la figure du cop killer dans le punk et le rap, ce cours s'attardera sur un certain nombre de productions culturelles controversées. Au-delà de son intérêt intrinsèque pour une sociologie comparée des ordres sociaux façonnés par la violence, ce choix méthodologique présente le mérite d'offrir des supports concrets pour l'enseignement numérique. [Avertissement : Le choix méthodologique sur lequel repose cet enseignement implique la diffusion et la discussion de représentations explicites de scènes de violence, qui seront montrées en cours].
Gilles FAVAREL-GARRIGUES,Laurent GAYER
Séminaire
français
Travaux individuels à préciser avec les étudiants. Il sera attendu de l'ensemble des étudiants que les textes programmés pour chaque séance soit bien lus.
Connaissances générales en sciences sociales
Printemps 2024-2025
A préciser avec les étudiants
12 séances de deux heures
Adam Baczko, Gilles Dorronsoro et Arthur Quesnay, Syrie. Anatomie d'une guerre civile, Paris, CNRS Editions, 2016
Adam Baczko, Gilles Dorronsoro, « Pour une approche sociologique des guerres civiles », Revue française de science politique, vol. 67, n° 2, 2017, p. 309-327
Gilles Favarel-Garrigues et Laurent Gayer, « Violer la loi pour maintenir l'ordre : le vigilantisme en débat », Politix, n° 115, 2016, p. 7-33
Laurent Gayer, « La normalité de l'anormal : recomposer le quotidien en situation de guerre civile », Critique internationale, n° 80, 2018, p. 181-190
Jean-Louis Briquet et Gilles Favarel-Garrigues, « Introduction : milieux criminels et pouvoir politique », in Jean-Louis Briquet et Gilles Favarel-Garrigues (dir.), Milieux criminels et pouvoir politique. Les ressorts illicites de l'Etat, Paris, Karthala