Ce cours se propose d'offrir une initiation aux problématiques de l'histoire de l'Afrique et de son
écriture à travers l'approche disciplinaire de l'histoire, englobant la critique des sources et ses
impacts historiographiques.
Ce cours se concentre sur l'histoire connectée du Sahel
(de l'arabe sāḥil ḥ – rivage), des traces documentaires du règne de Mansa Moussa (XIVe siècle) à
crise contemporaine au Sahel (XXIe siècle), dans la suite du cours de François-Xavier
Fauvelle au Collège de France en 2021. Ce séminaire se concentre principalement autour du
territoire du Mali, de la boucle du Niger et des territoires qui l'environnent et s'y connectent. Le
Sahel constitue une zone de rencontre intracontinentale en Afrique de l'Ouest, dont la
signification géographique et politique constitue en elle-même une construction historique.
Il s'agit d'interroger tout à la fois la construction de cette géographie historique (de quoi le
« Sahel » est-il le nom ?) et d'historiciser le rapport que les sociétés sahéliennes entretiennent
tant envers leurs propres représentations et leurs identités communautaires, que face à
l'irruption et l'instrumentalisation par l'extérieur, à l'image de la « bibliothèque coloniale ». Tout
ce processus d'analyse a profondément été renouvelé avec les nouvelles critiques
épistémologiques dressées dans le sillage de crise du Mali depuis 2012. Car ces notions et enjeux
sont avant le fait de connexions, interprétations et représentations croisées qui nourrissent la
construction des pouvoirs et des mémoires qui structurent la zone sur un temps long, par-delà le
temps plus court des crises.
La redécouverte des espaces sahéliens invite à repenser la façon
dont se sont tissées les routes transsahariennes dans une perspective braudélienne, à travers
plusieurs temporalités entremêlées. Méthodologiquement, ce travail passe par un exercice de
critique des sources qui doit questionner la dialectique entre écrit et oralité dans les processus
de construction politique et identitaire des sociétés du Sahel.